Les sept vies du faucon : seconde carte.

Il se réveilla.
Seul.
Il se regarde. Il est nu. Ses vêtements ont disparu.
Mais à quoi ressemblaient ses vêtements, d'ailleurs ?
Une douleur fuse dans son oeil gauche. Il pose sa main dessus et le ferme. La douleur
- Starrk ?
s'en va, et les souvenirs affluent.

Il regarde autour de lui. Son corps était allongé au centre d'une large et parfaite cuvette de pierre. Une pierre grise, mais nappée d'un voile multicolore ondulant...
Comme l'air autour de lui. Ce voile de couleurs translucide semblait tournoyer au dessus de sa tête, et les eaux abreuvant ce siphon brumeux semblaient venir de très loin...

Il se leva. Du gravier s'accrocha à la peau de son dos. Il s'en débarrassa de suite.
Sa mémoire revient peu à peu. Des noms. Des visages. Des événements. Il regarda à nouveau autour de lui
- Starrk !
sans savoir où aller, à présent. La cuvette ne laissait pas voir ce qu'il y avait au niveau du sol, en haut de sa pente rocailleuse.
Il tenta d'ouvrir son oeil gauche. Mauvaise idée, la douleur revint. Mieux valait le garder fermé.
Il marcha, nu comme le jour de sa naissance, remontant la pente du Sephiroth alors que les souvenirs revenaient, de plus en plus clairs, et qu'il maintenait son oeil gauche fermé.
Son nom émergea lentement à son esprit.
Oui, il s'appelait...

- STARRK !

- Hu ?? Quoi ?

Starrk leva la tête dans un sursaut, manquant de renverser son alcool de menthe.

- Hé, gamin, faudrait penser à te réveiller un de ces quatre ! lui adressa l'aubergiste tout en nettoyant consciencieusement un verre tiré de l'évier. Je voulais te demander si tu voulais une chambre. T'as l'air bien patraque...

- Putain, c'est pour ça que tu me gueules dessus comme ça ? s'exclama Starrk en le foudroyant de son oeil droit, le gauche étant masqué par un étrange cache-oeil, ressemblant à une moitié de visière attachée par deux petites chaînes... J'ai failli tout me renverser dessus !

L'aubergiste cessa d'astiquer son verre, et s'assit derrière le comptoir pour vérifier discrètement le chargement du fusil à pompe qu'il tenait caché sous le comptoir en cas de bagarre.

- C'est ça, ou bien tu dors sur le comptoir, et je n'ai pas eu le temps de nettoyer la partie sur laquelle tu allais poser ta tête. Et compte tenu l'hygiène de l'espèce de hippie qui s'y est accoudé tout à l'heure... Mais aussi...

Il se pencha.

- Y a des garde-paix qui risquent de passer dans quelques minutes. Avec ta tête d'endormi grincheux, tu risques d'attirer les soupçons...

- Et alors ? répondit Starrk, tout en lissant un de ses long gant de fourrure grise.

- Starrk, j'ai pas fait Uxellion, mais je suis pas idiot pour autant. S'il te fouillent, ils trouveront de suite la petite fiole de mana concentré que tu as obtenu de je ne sais quel dealer du coin et que tu caches dans ta poche intérieure. Je ne t'ai rien dis en la voyant parce que je t'aime bien, et je ne veux pas me mêler de tes affaires, même si la simple vue de cette substance me déplaît profondément. Mais s'ils t'arrêtent, ce sera un Coyote derrière les barreaux, et la réputation de mon établissement s'en trouvera ternie.

- Ouais... écoute, je vais plutôt déguerpir. J'aime ta petite auberge traditionnelle, mais j'ai un lit qui m'attend ailleurs...

- C'est comme tu veux, mon grand... mais, quoi que tu fasses avec cette saloperie de drogue, je te conseille vivement d'arrêter. j'en ai vu, des gens, pourrir sur place à cause de ça.

- Ouais... faudra voir...


Coyote Starrk se leva, but son alcool de menthe d'un seul trait, puis se leva et se dirigea vers la sortie de la petite auberge du Gobelet Vermeil, l'un des derniers établissements traditionnels de ce genre aux alentours de la ville d'Uxellion.

Tsue, accoudée au bar, plutôt discrète, avait suivi la conversation avec intérêt.

Les humains étaient fascinants.
Comment tant de diversités, tant de caractères, de choix, de haine, d'amour ... comment tout celà pouvait bien se matérialiser dans des cerveaux aussi petits, bien que remarquablement constitués ?

Elle fixa son verre, remplit d'un genre de sake, puis l'avala d'une traite. L'alcool lui brpula un peu la gorge, mais elle n'en laissa rien paraître. Elle avala un morceau de la miche de pain qu'elle traînait toujours sur elle et le tournis s'altéra.
Elle devait absolument fortifier son jeune corps à ce breuvage, si elle voulait progresser dans ce monde de brute dans lequel elle s'engegait.
Elle repoussa sa coupelle et bondit du tabouret pour atterir souplement sur le sol. Elle balança quelques pièces sur le rebord du comptoir et se lança à la suite de l'homme qui détenait la fameuse potion interdite et qui lui semblait interessant.
En tout cas, il avait une chance folle de pouvoir s'endormir comme ça, n'importe où. Elle avait déjà du mal à dormir par terre sur un matelas rembourré de feuilles, alors mal installée, la tête au creux des bras, sur du bois, mieux valait ne pas y penser.

Uxellion était encore agitée. Il fallait dire qu'une ville aussi imposante ne s'éteignait jamais vraiment, de jour ou de nuit.
Le Gobelet Vermeille ne brillait pas de modernité, mais c'était justement ce côté ancien et traditionnel qui l'avait attiré. Peut-être que si elle ne trouvait pas de lit pour finir la nuit, ou une compagnie suffisement interessante pour discutailler, elle irait s'y prendre une chambre.

Elle suivit l'homme étrange à travers un dédale de ruelle, attentive aux alentours, attentive à ses faits et gestes. Il était interessant. Détendu, alors qu'il possédait dans son manteau un peu de liquide qui pourrait le faire croupir derrière les barreaux pour on ne sait combien d'années. Il était vêtu de manière totalement marginale, quand à son chapeau, il évoquait irresistiblement le cow-boy des temps anciens.
Autrement dit, à type étrange, situation étrange.

Il vint une nouvelle fois à l'esprit de Tsue cette question cruciale qu'elle se posait chaque fois qu'elle suivait un "sujet d'analyse": "Mais qu'est-ce que je fous-là, dehors, au lieu de m'emmitoufler dans huit couverture dans un bon lit moelleux, ou dans une baignoire remplie d'une eau brûlante, ou tout simplement sur ma superbe moto, en train de me balader ?"
Parce qu'après tout, pourquoi s'inquiéter de la vie d'un inconnu ?
Et chaque fois c'était la même réponse: "Connais le peuple, connais le monde, et tu deviendras forte."
Maxime plus ou moins stupide. Plus ou moins intelligente.
En tout cas, elle lui allait.

Un mouvement la tira de ses pensées ...

[- Starrk n'a pas de chapeau - ]

Starrk n'avait absolument pas remarqué Tsue Korimasu. Ou en tout cas l'avait complètement ignoré...

Il plongea dans un dédale indescriptibles de ruelles tout aussi indescriptibles. Il marchait comme s'il savait parfaitement où il allait, bien que de nombreux obstacles sur le chemin (travaux, voyous énervés, pile de clochards cuvant leur rouge) l'eussent obligé à changer de direction... étrange...

Et Tsue surprit un mouvement...

kii-kiik !

C'était un rat. Immonde, gluant, gros comme un mulot, avec un drôle de poil verdâtre. Il jaillit à toute vitesse d'un soupirail et se faufila entre les jambes de Starrk. Celui-ci manqua tomber et ne se rattrapa qu'à l'aide de grands moulinets des bras.

- Aaaarh ! Dégage de là, sale bête !

D'un coup de pied, Starrk fit voler le rat à plusieurs mètres en l'air. Tsue faillit ne pas percevoir le geste qui suivit. D'un mouvement fluide et extrêmement rapide du bras, Starrk sortit de sous son manteau
(un revolver)
une longue barre de métal ornée de fines gravures, qu'il braqua sur le rat, et qu'il braqua de suite vers la source de la voix :

- Et bien, et bien ! Pas la peine de traiter aussi méchamment mes petites bébêtes !

Tsue retint à grand peine le cri qu'elle faillit pousser.
C'était quoi ce truc ?
Et la suite des évènements l'avait déroutée.
Ce truc vert était vraiment immonde.

- Et bien, et bien ! Pas la peine de traiter aussi méchamment mes petites bébêtes !

Ses ... SEs ... SES ? SES bêbêtes ? Ces horribles machin mutants ? Elle qui adorait les souris et les rats, il osait en plus la degoûter des rongeurs ?
L'arme braquée sur un type au bob étrange lui assura cependant que quelqu'un allait se charger de le buter gentiment à sa place et elle s'apprêta à se cacher, afin de ne pas se faire remarquer par Starkk qui n'apprécierait sûrement pas d'avoir été prit en filature. Mais, étrangement, il n'y avait aucun abri, chose illogique dans un ville comme celle-ci et un lieu comme celui-ci. D'ailleurs, à la reflexion, c'était comme si on leur avait tracé un chemin en pointillés lumineux: ils n'avaient eu aucune alternative ...
Elle qui d'habitude était attentive, on l'avait eue à son propre jeu.
Mais qui ?
Ce type, là ?

Elle lui rendit son attention ...

- Et bien, et bien ! Pas la peine de traiter aussi méchamment mes petites bébêtes !

La voix joyeuse provenait d'une allée transversale plongée dans la brume.
De cette brume émergea, comme un fantôme, la silhouette d'un homme portant manteau, bob vert et canne-épée.

- Ce rat est un mutant, cher Starrk, déclama Kisuke Urahara dans la joie et la bonne humeur. Si tu l'avais tué par ton coup de pied, de multiples produits chimiques contenues dans une poche près de son coeur se libéreront dans ses veines sur le choc de sa mort, réagissant avec toutes les protubérances pleines d'explosif biologique qui poussent dans son corps, et il ne resterais plus de toi qu'un petit tas de chair filiforme.

Urahara sortit soudain un éventail de sous son manteau et l'agita devant lui, tout en éclatant de rire.

- Ma nouvelle création : le rat explosif ! Idéal pour l'infiltration, tu ne pense pas ? Hahahahaha !

Tsue haussa un sourcil.
Mon dieu, qui était encore ce timbré ?
Des ... Des ... Des ...
Des ... R ... DES RATS EXPLOSIF ! Juste ciel c'était encore que ce truc !
Une invention extra-ordinaire, follement inovante ... mais au moins, il pourrait le faire avec des rats présentables ! Ces machins verts ... rien que d'y repenser, elle eut une nouvelle nausée.
Et ... Starkk avait faillit les faire exploser tous les deux ... d'ailleurs ...

Le type au bob avait l'air de le connaître, non ?

Starrk regarda Urahara sans répondre, alors que ce dernier explosait de rire sans raison. Il le contempla dans son hilarité avec un oeil morne, l'oeil de celui qui ne se laisse pas piéger par le sourire du crocodile.
Pendant un instant, il baissa son long pistolet...avant de le redresser, en le pointant vers la tête de Kisuke, et d'en relever le chien dans un "clic" sonore.

- Tes bidules de tordu ne me font pas rire. Si tu recommences à venir me vendre la marchandise devant autant de témoins, je te jure que j'appuierais sur la détente la prochaine fois qu'on se reverra...et tu pourras dire adieu à tous tes rats explosifs de mes deux.

Jugeant que sa présence avait été demasquée ... Tsue se décida -enfin !- à intervenir.

-Euuuuuuh ... scuzez-moua ...

Cheveux lâchés, cachant son visage, malheureusement, elle ne pouvait pas vraiment faire plus acte de présence que cette ridicule phrase balbutiée entre deux mèches blanches.
D'autant plus, qu'une fois encore, elle souffrait de cet horrible chose qui s'acharnait à lui pourrir la vie: "mais **** de ****** et ******** de ****** qu'est ce qu'elle voulait leur demander ?"
Une petit brise de vent qui poussa laissa entrapercevoir un peu de sa peau ébène la tira de ses pensées.

-Je ... je pense que ... tuer les Rats ... ne ... enfin ... pas une bonne idée.

Evidemment, une petite dispute s'engagea dans sa tête, mais bientôt les deux belligérants tombèrent d'accord: sur le coup, elle passait encore pour une abrutie. Et après un "bah, de toute façon, pour ce que ça change, au point où on en est ... un fois de plus une fois de moins ... " Elle releva timidement la tête vers un Starkk énervé et un Urahara encore mort de rire pour une raison tout à fait inexplicable.

- Hahaha ! Tu veux parler de la taverne, tout à l'heure ? Hé bien ! Une visite surprise de ma part ne te plaît-elle point ? Alors que je venais spécialement te vendre le mana "à domicile" pour t'éviter le déplacement, vu que j'étais de passage. Mais bon, le client est roi.

Ses yeux s'emplirent d'un air mystérieux, celui d'un homme qui s'apprête à passer aux choses vraiment sérieuses et vraiment marrantes.

- Bien, à présent, passons à...

- Euuuuuuh ... scuzez-moua ...

Urahara se figea, cessant d'agiter son éventail. Ce qui restait de son rire s'évanouit subitement.
Son visage plongé dans l'ombre par son bob, qui masquait la lumière du lampadaire, se tourna lentement vers celle qui venait de parler.

Une fille à la peau d'ébène, aux immenses et ravissants yeux bleus, à la curieuse chevelure blanche, dont les vêtue d'un sarouel et de longues manches, les fixant de l'air perplexe et philosophique d'une poule devant un
couteau. Ou devant un pistolet et une canne-épée. Peu importe.

-Je ... je pense que ... tuer les Rats ... ne ... enfin ... pas une bonne idée.

Urahara regarda la môme, immobile, pris la main dans le sac en pleine affaire de service après-deal.
Il brandit soudain sa canne-épée devant Tsue, et, l'air grave, lui annonça solennellement :

- Ton sarouel est vraiment moche.

Le cerveau court-circuité, Tsue resta figée un bon moment.
Un long moment.
Un ange passa. Puis deux. Puis trois.
Puis un troupeau entier.
L'archange déboula ensuite et alors qu'on se demandait si le Messie lui-même n'allait pas débouller, la jeune fille rejeta sa masse de cheveux en arrière, un air déterminé sur le visage.

-Mon sarouel n'est pas moche, d'abord, et votre bob vert est sacrément immonde. Déjà, je vois mal comme vous pouvez critiquer les goûts des gens en osant porter ce ... (elle s'interrompit une grimace de dégoût) ... manteau ... atroce ... et puis ces savates immonde ... et puis franchement ! Cette canné épée ! Jamais vu aussi ringard !

Elle le fixa avec un air de défi.
Fou ce que ses mèches agissaient comme une détonateur pour sa personnalité. Effoyable à vrai dire. Elle était quasimment Scyzophrène en fait.

-Et puis détournez pas le sujet ! Vous faites du commerce illicite de mana ! En plus vous êtes un dealer régulier et vous faites des trucs bizarre avec des rats ...

Elle secoua la tête.

-Alors venez pas me faire chier !

L'ensemble de sa masse de mèches, à force d'être remuée, lui retomba le long des paules, obscurcissant son visage.

Starrk était resté absolument immobile tout le temps de l'intervention de Fate, la regardant d'un oeil où se reflétaient la mauvaise surprise et l'énervement, sans cesser de braquer son pistolet sur Urahara.

Quand elle eut terminé sa tirade, un gros blanc s'instaura.
- "vous faites du commerce illicte de mana !" -
Avant qu'Urahara ne puisse répliquer à Tsue, Starrk fit lentement tourner son bras armé pour l'orienter... vers la tête de Tsue.

- Désolé. Mais il ne peut y avoir de témoins.

twiiiiii....

[Fate ?]

Tsue bredouilla un truc qui ressemblait à ça à l'instant où l'annonce de Starkk retentit:

-Euh ... mais j'ai pas l'intention d'en parler v'savez ...

Jugeant toutefois que de rester là à ne rien faire était suicidaire, elle décida de prendre les choses en mains.
L'arme pointée sur elle se volatilisa soudain, réapparaissant dans sa main à elle.

-D ... Dé ... désolée. Mais ... Je pe-peux ... pas ... mou-mourir maint'nant.

Ce serait en effet un peu bête de mourir à peine arrivée en ville ... Elle avait encore sa liberté à apprivoiser et un monde à conquérir !

L'arme se volatilisa de la main de Starrk alors que le projectile d'énergie était en plein chargement. Cette petite savait s'y prendre à temps.

- Hé, ho !

Il la regarda réapparaître dans la main de Tsue, surpris, puis dépité. La lueur mauvaise avait disparu du canon dès qu'elle avait quitté le doigt de l'homme aux habits de fourrure. Plus de source d'énergie pour l'approvisionner.
Starrk passa sa main derrière sa tête et soupira.

- Ahh... Bon, je suppose que ce n'est pas mal, comme petit talent de prestidigitation.

Son oeil droit se voila soudain d'une chape sombre.

- Mais dommage pour toi...

Sa main gauche disparut à toute vitesse dans son manteau, avant d'en ressortir...
...brandissant un deuxième pistolet.

- ... je m'y connais aussi, dans ce domaine !

twiiiiiii.....FOOAAAAAAOM !!

Tsue jeta un oeil au pistolet qu'elle tenait dans sa main, puis à l'air dépité et surpris de son agresseur. Son côté trop gentil aurait voulu le lui rendre, mais son côté moins gentil réussissait à tenailler son envie.
Elle rosit sous le commentaire ... mais ... le "dommage pour toi" fut peut-être de trop.
Néanmoins, il lui permit de se préparer.
Tsue le vit donc quasimment sans surprise sortir un second pistolet, et, à vrai dire, celà ne lui prit pas beaucoup de temps pour le téléporter à son tour. Seulement, Starkk avait eut le temps de balancer le tir.
Par chance, ayant un peu prévu, elle réussit- certes avec difficultés- mais réussit tout de même, à inverser le sens de la boule d'énergie, lui faisant prendre la direction de son propriétaire. Le souffle, toutefois, avait relevé une partie de sa crinière:

-Chacun son tour, mon vieux.

- Hé hé hé HE ! HOLA !

Le faisceau d'énergie jaillit du canon avait, pour une fois, atteint sa cible, vu que Starrk visait comme un pied...
Et même un peu trop bien : maintenant, Tsue renvoyait le rayon à Starrk !

Shiooouf ! (bruit des flash steps)

Une épée fut dégainée de son fourreau, alors qu'une silhouette apparut dans les airs pour s'interposer entre le rayon et Starrk.

- Chante, Benihime !!

Puis, Urahara fut avalé par le faisceau d'énergie...
Qui fut soudain projeté de tous les côtés à la fois, inoffensif, comme un jet d'eau s'écrasant sur un mur de béton, le mur en question prenant la forme d'un losange d'énergie écarlate protectrice.

Quand le rayon finit de s'écraser sur le bouclier, celui-ci rétrécit jusqu'à disparaître, laissant voir le vendeur, brandissant non pas sa canne-épée, mais un katana droit, au pommeau ornée d'un pompon de ficelle rouge...

Urahara retomba au sol. Et comme par magie, le katana se résorba en une canne-épée, si vite qu'on eut pu croire à de la prestidigitation. C'est bien. Encore un qui savait en faire...

- Pfioou ! J'ai bien failli y perdre mon bob !

Son bob, tout le monde s'en foutait. Par contre, sa canne-épée attirait tous les regards...

- Vous êtes dingue ou quoi ? Vous allez réveiller tout le monde ! Allez pas pleurer quand on vous versera un sceau plein d'eau froide sur la tête. Et encore, c'est pas le pire... changeons d'endroit avant que les flics ne rameutent !

Il s'engouffra en courant dans une ruelle latérale, tenant son chapeau d'une main.

Tsue cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois ...

Qui était ce taré ?
MAIS QUI ETAIT CE MALADE ???
D'abord il se ramenait avec des rats mutants, qui explosaient, bien sûr, puis il sortait une épée-canne -ou l'inverse, à vrai dire elle s'en fouttait- et invoquait un genre de bouclier ... en plus elle avait failli tuer le type ! C'était SA faute à lui, mais quand même ! Il avait remarqué qu'elle téléportait les objets ... c'était logique qu'elle pouvait faire pareil avec les rayon lumineux ... non ?

Toute cette dose d'énergie avait repoussé ses cheveux en arrière, et fatiguée de ces changements caractériels incessants, elle se décida à les attacher en de couettes avec deux des ruban qu'elle avait toujorus dans sa poche.
C'était pas forcément le moment, mais elle avait toujorus plus de cran comme ça, et du cran, il allait lui en falloir ...
Mais bon dieu, pourquoi cette curiosité malsaine de l'être humain ? Elle n'aurait pas pu, pour une fois, faire taire ce stupide besoin de tout connaître sur le monde et finir tranquillement son café en ignorant le mot "fiole de mana" ?

La menace des flics fit toutefois son effet et elle suivit les deux fous dans les rues.

-Vous êtes un grand malade, vous savez.

Glissa-t'elle tout de même au mystérieux mec au bob.
Elle ne prenait aucune responsabilité dans la folie de ce type qui s'amusait à lui tirer dessus et faire un p**** de b**** avec son flingue. Enfin ses flingues. D'ailleurs, elle les avait toujours ...

Et...non. Elle ne les avait plus.
Ils étaient revenus aux flancs de Coyote Starrk qui courait à grandes enjambées pour suivre le vendeur détalant à travers les ruelles.

- Moi aussi je peux faire quelques tours de passe-passe, indiqua Starrk en faisant tourner l'un de ses flingues dans ses mains. Et, oui, ce mec est un malade. Maintenant tais-toi et cours.

Tsue fit une moue réprobatrice en sentant les armes disparaître. Elle hésita à les récupérer ... ou les envoyer ailleurs. Il pourrait très bien ne jamais les retrouver ... ce serait bien ...
Elle lui tira ensuite la langue dans une attitude de gaminerie insolente et puérile absolument ridicule, puis grogna de mécontentement.

-Franchemment ... j'en ai marre. Pourquoi je me fourre toujours dans ce genre de merdier ?

Puis elle reprit, pour elle-même, marmonnant:

-On croirait Rincevent ... si ça se trouve, j'ai moi aussi un genre de prédisposition pour l'aventure, le danger peut-être ? Marre, marre, marre. La dernière fois, déjà, j'avais bien galéré. J'vous assure, vous retrouver avec une bande d'abrutis qui vous pourchassent en pensant que vous leur avez volé l'emblème de leur groupe, alors qu'en fait, c'est ce c**** de chat qui s'est barré avec ... tout ça parce qu'il la laisse comme ça ... dehors ... Faut pas se plaindre qu'on la vole après !

Elle gromella quelques injures incompréhensibles qui reprit son monologue.
L'ennui, quand elle se découvrait totalement le visage ... c'était le passage d'un extrême à l'autre.

-K'so, tiens ...

- Pep-pep-pep !!

Urahara freina si brutalement que ses savates émirent un son de crissement digne d'un cartoon.
Ils étaient retombés dans une des grandes avenues d'Uxellion, en sortant d'une ruelle si étroite qu'ils avaient du se mettre à la queue-leu-leu pour la franchir. Au dessus d'eux, une aube rougeoyante commençait timidement à poindre dans le ciel.
juste à côté d'eux, sur leur trottoir, se tenait, encastré dans un bâtiment, un magasin, arborant une persienne blanche rayée de verte, au nom écrit en néon au dessus...
L'homme au bob attrapa Starrk par son col en fourrure et agrippa le cou de Tsue grâce à sa canne-épée, et il ouvrit d'un coup de pied la porte du magasin avant de les jeter sans ménagement à l'intérieur de sa boutique, où ils tombèrent dans un lourd bruit de fracas.

- Bougez pas !

Puis il claqua la porte et s'accouda au mur à côté, l'air de rien.
Tsue et Starrk purent, au travers du verre fumé de la porte (la vitrine était obstruée par un volet de fer), assister à ce qui suivit, les voix étant assez étouffées du fait de la cloison les séparant.
Les forces de l'ordre passèrent juste à côté. Des (policiers ? gardes ?) s'arrêtèrent devant le magasin.

- Vous, là ! Avez-vous vu des fugitifs passer devant votre établissement ?
- Ah, m'sieur, je viens de voir trois types à l'air louche courir vers là-bas il y a environ deux minutes.
- Vous êtes sûr ?
- Certain. Quand on se lève à ces heures-ci pour ouvrir sa boutique, on voit point grand monde passer dans le coin... alors qu'en on en voit, on s'en souvient ! J'ai cru les voir tourner la ruelle, par là. Il y avait deux barbus et une...

Les deux planqués se désintéressèrent rapidement de la conversation. La pénombre les empêchait cependant de distinguer clairement ce qu'il y avait dans cette salle... il y avait des sortes d'étagères... et des stands...

Tsue comprit seulement à moitié ce qui se passait autour d'elle.
A vrai dire, tout c'était déroulé un peu petit peu trop vite pour son cerveau déjà paumé. Elle accordait au type au bob qu'il avait géré son affaire, pour le coup. Et même très bien; mais enfin ...
La pénombre ambiante finit par se disspier alors que ses yeux s'habituaient : des étagères recouvertes de toutes sortes de choses couvraient les murs et des stands pullulaient sur le sol.
S'approchant de l'un d'entre eux, elle put reconnaître des bonbons.
Etranges, toutefois ...
Et derrière ...

C'était quoi cet endroit bizarre ?
Et pourquoi un propriétaire jouerait-il avec des rats au lieu de gentimment s'occuper de son commerce, comme tout marchand normal ?
Quoique que dealer quand on travaille déjà plus ou moins dans les affaires est plus simple ... nan ?

Alors que Tsue se posait cette ribambelle de questions existentielles, elle entendit Starrk se relever en grommelant, suivi d'un "BANG" typique d'un crâne se fracassant joyeusement contre une étagère et d'un "AÏE !" typique d'un cri de douleur du dit propriétaire du crâne.

- Aïe, putaaain... fit Starrk en se frottant le crâne.

Lui voyait par contre clairement ce que le noir dérobait aux yeux de Tsue, grâce à son oeil gauche...

- Et bien... son magasin... super planque, dis-donc... Encore faudrait-il qu'on ait accès à l'arrière-boutique, on s'amuserait comme des fous... siffla-t-il d'un ton maussade.

Tsue pivota sèchement, la tête inclinée sur le côté, figée dans la posture ridicule de ceux qui jouent le personnage qui bloque sur une phrase que l'interlocuteur vient de prononcer.
En gros, elle avait la bouche légèrement entrouverte, ce qui lui donnait une lègère impression de parenté avec les poissons rouges.

-Répètes-ça pour voir ?

A vrai dire, le problème n'était pas les yeux de Starkk et ce qu'il sous-entendait dans sa phrase ... non ... c'était ce qu'il sous-entendait ... euh ... d'autre ... dans sa phrase :

-Tu veux dire qu'il y a ... d'autres ... rats mutants ?

Elle s'arrêta.

-Ou ... des cafards mutants ... ou ...

Elle se mit à trembler. Chose étrange, elle avait toujours eu une phobie des cafards alors qu'elle était capable de tuer de sang froid et fixer des tripes sanglantes ou rester dans un lieu dont l'atmosphère empestait le cadavre putride rongé par les vers. Cette phobie était tenace et incompréhensible. Comme toute phobie, puisque c'était d'ailleurs le principe même de la peur: l'illogisme. Celà la poussait, d'ailleurs, très, peut-être trop souvent, à faire du téléportage frénétique sur tout ce qui y ressemblait de près ou de loin. Ce qui expliquait certaines disparitions désastreuses, notemment de l'élevage de scarabés de sa soeur, il y a quelques annés.